samedi 9 mars 2024

INVITATION HOMMAGE À PABLO NERUDA À VILLEJUIF

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HOMMAGE À PABLO NERUDA À VILLEJUIF 

Le 23 septembre 1973, décédait Pablo Neruda dans une clinique de Santiago du Chili, douze jours après le coup d’État contre le président Salvador Allende, son ami et camarade.

50 ans après cet événement, Villejuif célèbre l’œuvre de cet immense poète, prix Nobel de littérature, ambassadeur du Chili en France. 

Venez nombreux !

Merci de faire circuler cette information auprès de vos amis et de vos proches, ainsi que de vos réseaux.


Programme de la journée hommage à Neruda

- 30 mars 2024 -

14h : Accueil du public.

14h30 : Prises de parole

15h : Représentation musicale : « Poèmes nérudiens mis en musique » par Pilar Pena Queralt, pianiste, et Ramiro Maturana, baryton.

16h : Discussion sur l’œuvre littéraire entre Stéphanie Décante, Professeure à l’Université de Nanterre et traductrice de Neruda chez Gallimard, et Mélina Cariz, docteure en études hispaniques et latino-américaines, spécialiste de l’œuvre de Neruda.

17h : Ateliers participatifs :

Atelier de traduction animé par Stéphanie Décante.

Atelier de lecture à voix haute animé par Jean-Marie Thiedey, comédien.

19h : Lecture de poèmes par Marvin Mariano, avec interludes musicaux joués par Eduardo Valenzuela au violoncelle et Constance Davila au piano.

20h : moment convivial avec boissons et empanadas.


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PABLO NERUDA JEUNE HOMME



Hommage à Pablo Neruda
Plus d’informations :
Maison Pour Tous Gérard Philipe
118 rue Youri-Gagarine
01 86 93 33 16
  
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Itinéraire  : Villejuif - Louis Aragon,
 à 118 Rue Youri Gagarine,
  À pied 1,1 km, 16 min


Accès

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 #neruda #poésie

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vendredi 1 mars 2024

COMMÉMORATIONS NÉRUDIENNES DE 2024

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  –Commémorations nérudiennes de 2024– 

120 ans de Pablo Neruda. Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto dit Pablo Neruda a vu le jour le 12 juillet 1904 à Parral.
COUVERTURE DE «VINGT
POÈMES D'AMOUR  ET UNE
CHANSON DÉSESPÉRÉE » 

 

100 ans de  « 20 poemas de amor y una canción desesperada » (Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée). Le livre le plus populaire et le plus connu au monde fut publié en 1924 par Editorial Nascimento.

Nous fêtons également le 50ème anniversaire de « Confieso que he vivido », (J'avoue que j'ai vécu, chez Gallimard in Folio n°1822) la biographie posthume, que Matilde Urrutia, femme du poète, mena à terme et poublia en 1974, alors que la dictature civile et militaire chilienne exerçait le pouvoir à feu et à sang  après le renversement de Salvador Allende. 

D'autres commémorations importantes en ce 2024 sont le 70ème anniversaire des "Odas Elementales" [Losada, 1954], [Odes élémentaires Galllimard, Du monde entier]  un livre dans lequel Pablo Neruda fait part de sa sagesse poétique dans un langage plus clair et plus proche de l'homme commun. 

Un autre livre que nous voudrions signaler est « Memorial de Isla Negra » (Mémorial de l'Île Noire, poésie Gallimard n°117), qui fête ses 60 ans,  C'est la grande autobiographie poétique que le poète publia en 1964 pour célébrer ses soixante ans. Une édition spéciale de la première partie fut publiée par Alberto Tallone sous le titre « Sumario ». « Libro donde nace la lluvia » («  Sommaire » « Livre où naît la pluie »), tirée à 50 exemplaires seulement. La première édition complète, avec ses cinq parties, fut publiée par Losada en juin-juillet 1964. 

Enfin, nous commémorons cette année le 50ème anniversaire des livres posthumes : « El mar y las campanas » ( La mer et les cloches ) [publié par Losada fin 1973] et l'année suivante : « Jardín de invierno » (Jardin d’hiver), « El corazón amarillo » (Le Cœur Jaune), « 2000 », « Libro de las preguntas » (Le Livre Des Questions ), « Elegía » (Elégie) et « Defectos escogidos » ainsi que « Confieso que he vivido ».  


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mercredi 21 février 2024

LE CHILI ROUVRE L’ENQUÊTE SUR LA MORT DE NERUDA.

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LE POÈTE CHILIEN PABLO NERUDA ALITÉ À LA « MAISON
MICHOACÁN DES LOS GUINDOS » DANS LA COMMUNE
DE LA REINA,  AU CHILI. PHOTO CIRCA 1950

LOGO COURRIER
INTERNATIONAL
Le Chili rouvre l’enquête sur la mort de Neruda. Un tribunal de Santiago a ordonné mardi la réouverture de l’enquête sur la mort mystérieuse du poète Pablo Neruda, survenue en 1973 sous la dictature du général Pinochet. [Réouverture de l'enquête sur la mort du poète ]

Courrier international

Selon la cour, “l’enquête n’est pas épuisée” et il existe “des procédures précises qui pourraient contribuer à l’éclaircissement des faits”, écrit La Tercera. Neruda a officiellement succombé à un cancer, mais une théorie soutient qu’il aurait été empoisonné par la junte. 

► À lire aussi :       PABLO NERUDA BIOGRAPHIE

Les magistrats ont notamment ordonné une “méta-expertise pour revoir et interpréter les résultats des experts, qui avaient cherché des traces de poison dans les restes exhumés du Prix Nobel de littérature.


UN PANNEAU INDIQUE L’EMPLACEMENT DE LA MAISON OÙ A VÉCU
LE POÈTE CHILIEN PABLO NERUDA, À ISLA NEGRA, À QUELQUE
120 KILOMÈTRES À L’OUEST DE SANTIAGO, LE 26 AVRIL 2016.
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
LOGO
LE MONDE

Au Chili, la justice ordonne la réouverture de l’enquête sur la mort de Pablo Neruda / Le Chili a réinhumé mardi les restes du poète Pablo Neruda, lauréat du prix Nobel, après les avoir exhumés pour déterminer s’il avait été assassiné par le régime du dictateur Augusto Pinochet, un mystère qui perdure.
Temps de Lecture 1 min.
LE POÈTE CHILIEN PABLO NERUDA
PHOTO LOUIS MONIER 
la justice chilienne a ordonné, mardi 20 février, la réouverture de l’enquête sur la mort du poète et Prix Nobel de littérature Pablo Neruda, qui aurait pu être empoisonné sous la dictature du général Augusto Pinochet en 1973. « La réouverture de l’enquête est ordonnée afin de mener à bien les procédures [demandées par les plaignants] », qui « pourraient contribuer à l’éclaircissement des faits », détaille la justice dans sa décision.

La réouverture de l’enquête a été demandée par des proches du poète ainsi que par le Parti communiste, dont Pablo Neruda était membre. Elle annule l’ordonnance de clôture de l’enquête prise en décembre 2023 par la juge chargée de l’affaire, Paola Plaza.

Pablo Neruda est mort le 23 septembre 1973, douze jours après le putsch du général Pinochet contre le président Salvador Allende (Parti socialiste), grand ami du poète. Des experts internationaux avaient rejeté à l’unanimité, en 2017, la version officielle du régime militaire, assurant qu’il n’était pas mort d’une dégradation subite de son état de santé dû au cancer.

Ni confirmer ni exclure la théorie de l’empoisonnement

Mais ils n’avaient pu ni confirmer ni exclure la possibilité d’une contamination volontaire et délibérée par l’injection de germes ou de toxines bactériennes. Selon cette théorie de l’empoisonnement, Pablo Neruda aurait succombé à une injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il envisageait de s’exiler pour y diriger l’opposition au régime Pinochet (1973-1990).

La dictature d’Augusto Pinochet a fait quelque 3 200 morts, et plus de 38 000 personnes ont été torturées, selon des chiffres officiels.

lundi 12 février 2024

TINA MODOTTI : L’ŒIL DE LA RÉVOLUTION AU JEU DE PAUME, À PARIS

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«FAUCILLE, CARTOUCHIÈRE  ET ÉPI», 1927,
COLLECTION ET ARCHIVES DE LA
FONDATION TELEVISA, MEXIQUE
Les photographies révolutionnaires de Tina Modotti s’exposent au Jeu de Paume / Ce mardi 13 février débute l’exposition Tina Modotti : l’œil de la révolution au Jeu de Paume, à Paris. Une rétrospective de la photographe inédite en France, la première depuis près de 25 ans, qui permet de (re)découvrir son œuvre pionnière.

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PAR LOLITA MANG

TINA MODOTTI,
VERS 1927,
PHOTO ABEL PLENN

À peu de choses près, le parcours de Tina Modotti ressemble à celui de nombreuses femmes artistes, qui débutent en muses avant de s’émanciper pour épouser leurs pulsions créatives. D’origine italienne, elle arrive aux États-Unis à l’âge de 16 ans avec son père. Très tôt, elle développe un intérêt pour les arts dramatiques. Elle débute sa carrière en tant que comédienne dans plusieurs films muets, où elle accumule les rôles de femmes fatales. Mais c’est la photographie qui s’impose petit à petit dans sa vie comme une passion majeure, notamment inspirée par son oncle, Pietro Modotti, qui dirigeait alors un studio en Italie. Mais c’est la rencontre avec le photographe américain Edward Weston qui marque un tournant dans la vie de Tina Modotti. Elle commence par poser pour lui, avant de devenir son amante, puis son apprentie.

«FEMME DE TEHUANTEPEC»,
(PORTANT JICALPEXTLE), 1929
THROCKMORTON FINE ART, NEW YORK

Ce 13 février 2024, le Jeu de Paume inaugure Tina Modotti : l’œil de la révolution. Une rétrospective inédite consacrée à la photographe, dont le nom a été gommé de l’histoire de l’art. Son œuvre, forte de quelque 400 photographies, ne cesse de s’épaissir à mesure que les découvertes s’amoncellent. À cette occasion, Vogue revient sur la carrière de la pionnière, dont l’œuvre a largement influencé la photographie mexicaine, de Manuel Álvarez Bravo à Graciela Iturbide.

 HOMMES LISANT « EL MACHETE », VERS 1927
COLLECTION ET ARCHIVES DE LA FONDATION TELVISA, MEXIQUE

Tina Modotti : un début de carrière devant l’objectif

L’œuvre de Tina Modotti est impressionnante en ce qu’elle témoigne de certains des plus grands bouleversements du XXème siècle, de la renaissance du muralisme mexicain à l’apparition des femmes dans l’espace public, en passant par la guerre d’Espagne ou la lutte entre stalinistes et trotskistes. C’est en tout cas ce que rappelle la commissaire et critique d’art Isabel Tejeda Martín, qui a imaginé l'exposition, lors d'une visite organisée pour la presse.

«FEMME AU DRAPEAU», 1927 
THE MUSEUM OF MODERN ART,
NEW YORK

Née à Udine (Italie) en 1896, Tina Modotti est la fille d’une mère couturière et d’un père mécanicien. Ayant grandi dans une famille modeste, elle se trouve contrainte de travailler dans une usine dès l’âge de 10 ans – une expérience qui conditionne toute sa pensée politique en devenir. À l'âge de 16 ans elle traverse l’océan atlantique pour rejoindre son père à San Francisco. Là, elle développe un goût prononcé pour la vie culturelle. Elle commence par travailler dans un atelier de couture avant de se voir introduite aux cercles artistiques californiens grâce au poète Roubaix de l’Abrie Richey, dit “Robo”, son compagnon à l'époque. Petit à petit, elle cumule plusieurs professions, dont actrice de films muets d’Hollywood (elle joue souvent les femmes mexicaines exotisées), poètesse ou mannequin, notamment en posant pour le photographe Edward Weston.

Au Mexique, la muse s’émancipe

C’est en 1922 que Tina Modotti pose pour la première fois ses valises au Mexique, sans vraiment savoir, alors, que ce voyage va changer sa vie. Elle est sur place pour organiser les funérailles de Robo Richey, décédé de la variole en février. Fascinée par le pays, elle parvient à convaincre Edward Weston, son amant, non seulement de venir y vivre avec elle, mais surtout d’y installer son studio, dont elle promet de s’occuper, s’il consent à lui apprendre l’art de la photographie.

Ce qui m'a frappé dans mes recherches, précise la commissaire de l’exposition Isabel Tejeda Martín, c'est qu'elle était quasiment absente de l'histoire de la photographie. Les seules fois où elle apparaissait, c'était soit comme modèle de Weston, soit comme partenaire amoureuse occasionnelle. J'ai donc souhaité donner à l'exposition un caractère didactique en montrant quelles sont les photographies de Weston et quelles sont les photographies réalisées par Tina Modotti. Je les ai mises côte à côte, pour signaler leurs différences”. Le constat est particulièrement saisissant face à des portraits de Luz Jiménez (une promotrice du nahuatl, un dialecte mexicain) : les photographies d’Edward Weston révèle un formalisme étonnant, soucieux des lumières, des textures et des angles. Luz Jiménez y apparaît le regard bas, comme soumis. Dans les yeux de Tina Modotti, elle est photographiée après son accouchement, avec son bébé. Elle ne pose plus, et semble capturée dans un moment pris sur le vif. Comme les premières marques d’une émancipation douce, mais affirmée, de la part de la jeune photographe.

La photographie empathique

Chez Tina Modotti, l’apprentissage de la photographie va de pair avec l’éveil d’une forte conscience politique, influencée par les mouvements sociaux qui agitent le Mexique dans les années 1920. Un engagement qui indique, selon Isabel Tejeda Martín, l'effacement de son nom dans la mémoire collective : “Mais on peut également l’expliquer car elle était une femme, et qu’on sait qu’elles ont presque systématiquement été gommées de l’histoire de l’art. Et puis, elle était photographe ! Une discipline qui elle aussi, a mis beaucoup de temps à entrer dans l’histoire de l’art”.

Dès 1924, Tina Modotti développe un œil complètement neuf, bien éloigné de tout ce qu’a pu lui enseigner son maître Weston. “Je qualifie ce regard d’incarné, glisse Isabel Tejeda Martín. Mais j’aime aussi citer l'une des premières personnes qui l'a découverte, le photographe et auteur Riccardo Toffoletti, qui parle lui de regard empathique”. Il ne faut pas l’oublier : Tina Modotti a été contrainte de travailler à l’âge de 10 ans. Issue d’un milieu modeste, elle se retrouve dans les sujets qu’elle photographie, des gens qui travaillent la terre, mais à qui la terre n’appartient pas. En outre, lors d’un voyage à San Francisco en 1926, alors qu’elle rend visite à sa mère malade, Tina Modotti croise une collègue, la photographe Consuelo Kanaga, qui lui conseille de changer d’appareil photo. En effet, son Corona est bien encombrant et ne lui permet pas de saisir la vie mexicaine sur le vif. Modotti se met alors en quête, et achète un Graflex, de plus petite taille, pour ainsi pouvoir poursuivre son travail dans la rue. Un an plus tard, elle adhère au Parti communiste mexicain, unissant un peu plus ses vies politiques et artistiques, jusqu’à ce qu’elles ne fassent qu’un.

Tina Modotti : l’œil de la révolution, au Jeu de Paume (Paris), du 13 février au 12 mai 2024.

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jeudi 11 janvier 2024

GABRIELA MISTRAL, LA DÉFUNTE POÉTESSE CHILIENNE ÉRIGÉE EN ICÔNE PAR LA JEUNESSE FÉMINISTE

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TAG DE PABLO NERUDA ET GABRIELA MISTRAL
PHOTO FRÉDÉRIC SOLTAN

Aujourd’hui dans "Le Book Club" on prend la direction de l’Amérique Latine et on s’arrête au Chili, ce très long pays coincé entre l’Océan Pacifique et la Cordillère des Andes en compagnie de la correspondante de Radio France Naïla Derroisné. / Quand on parle de littérature et du Chili, on pense peut-être au célèbre poète et diplomate chilien Pablo Neruda qui a reçu le Prix Nobel de littérature en 1971. Mais saviez-vous qu’une autre personne au Chili l’avait également reçu, 26 ans avant lui ? Il s’agit de l’écrivaine, enseignante et diplomate Gabriela Mistral. Elle est la première femme latino-américaine à qui l’on a décerné ce prix, c’était en 1945. Gabriela Mistral est morte il y a 67 ans, mais c’est seulement depuis quelques années qu’elle s’est convertie en une icône, notamment pour le mouvement féministe chilien et la communauté LGBTQ+, volant la vedette à son homologue masculin.

Pour écouter cliquez ici ! ]

 «Gabriela Mistral, la défunte poétesse chilienne érigée en icône par la jeunesse féministe»

Provenant du podcast Le Book Club
diffusé le Jeudi 11 janvier 2024

Avec Naïla Derroisné Journaliste 

De l’icône nationale…

GABRIELA MISTRAL
ILLUSTRATION FAB CIRAOLO

Eh bien, Gabriela Mistral, de son vrai nom Lucila Godoy Alcayaga, est l’une des grandes plumes de la poésie chilienne, et c’est aussi la première latino-américaine à recevoir le Prix Nobel de littérature. Elle est donc en quelque sorte un emblème national, même si le Chili a mis du temps à reconnaitre son talent. Elle a, par exemple, d’abord reçu le Nobel avant de recevoir le Prix National de Littérature dans son propre pays. Par la suite, on la retrouve partout. On enseigne ses poèmes à l’école, son visage figure sur les billets de 5 000 pesos. Des rues, des places, des établissements scolaires, et même une entreprise de pisco - la liqueur nationale - portent son nom. Mais ce n’est que depuis dizaine d’années environ que Gabriela Mistral réapparait dans le champ littéraire et l’imaginaire collectif sous une autre forme.

POÈME DU JOUR AVEC LA COMÉDIE-FRANÇAISE, FRANCE CULTURE, LE  08.03.2013,  
« ABSENCE» LU PAR SYLVIA BERGÉ, 
DURÉE : 00:01:45 


… À l’icône féministe

En fait, on redécouvre depuis peu la vraie Gabriela Mistral : engagée politiquement, une personne avec des vices, comme tout le monde, mais aussi possiblement non-binaire, c’est-à-dire quelqu’un qui ne sent ni homme ni femme, et peut-être même qu’elle était lesbienne, en tout cas, elle ne s’est jamais mariée et n’entre pas dans les codes hétéronormés.

Eh bien, toutes ses facettes ont été gommées au moment de la dictature de Pinochet dans les années 70-80, pour ne garder qu’une image très lisse de Gabriela Mistral. Ses poèmes ont été manipulés pour ne conserver que les parties les plus "naïves", et "tendres", alors qu’en réalité, il s’agissait de critiques très aigües de la société. Gabriela Mistral avait aussi une vision assez progressiste, notamment en ce qui concerne les droits des femmes. Finalement, la dictature lui a collé l’étiquette de la "bonne femme maternelle" c’est-à-dire la maitresse d’école, la femme altruiste dont la principale préoccupation était de s’occuper des enfants. Mais cette image est loin de la réalité.

Il y a une dizaine d’années, ont commencé à émerger des textes encore inconnus du public : des poèmes, des essais, des lettres qu’elle envoyait à des femmes, des centaines de pages de notes. Gabriela Mistral a beaucoup écrit tout au long de sa vie et sur plein de sujets. Son œuvre est extrêmement prolifique et les maisons d’édition ont alors commencé à éditer ou rééditer ses écrits. Tout ça s’est télescopé avec le mouvement féministe qui au même moment a pris de l’ampleur au Chili, de la fin des années 2000, et tout au long de la décennie 2010, jusqu’à aujourd’hui. La nouvelle génération de lectrices et de chercheuses se réapproprient désormais une autre Gabriela Mistral, plus authentique et plus réelle, avec ses failles, ses doutes et ses désirs. Je vous propose d’écouter June Garcia Ardiles, elle a la trentaine, elle est écrivaine, journaliste et féministe :

"Le mouvement féministe revalorise la figure de Mistral. Mais il y a aussi un besoin de trouver des symboles. Et l’un des symboles, c'est justement cette Gabriela Mistral moderne. Car cette femme n’est finalement pas celle qu’ils ont voulu nous faire croire. Il y a tout un monde qu’on commence tout juste à découvrir et on va continuer d’en découvrir davantage."

DELIA DEL CARRIL, PABLO NERUDA ET GABRIELA MISTRAL EN 1951
 PHOTO COLORISÉE PAR NOS SOINS
 

Une féministe qui refusait cette dénomination

Dans notre époque contemporaine, Gabriela Mistral est donc clairement féministe, car les valeurs qu’elle défendait sont les mêmes revendiquées aujourd’hui par les féministes chiliennes : l’importance de l’éducation, l’égalité femme-homme ou encore la défense des marginaux et des peuples autochtones. Mais elle a toujours refusé de se dénommer comme tel, car à l’époque, le combat féministe était porté par les femmes de l’élite sociale. Et Gabriela Mistral, elle est issue de la classe pauvre, du monde rural et ne s’identifiait pas au mouvement féministe d’alors. Elle doit sa trajectoire professionnelle aux femmes qui l’ont entourée quand elle était petite et qui savaient lire.

C’est donc aussi cette image à la fois populaire et singulière qui trouve un écho aujourd’hui au Chili et particulièrement en 2019, au moment de la crise sociale - où les femmes étaient d’ailleurs très mobilisées - Gabriela Mistral a été brandie comme un symbole antisystème, prônant plus d’égalité et de justice. Elle a été taguée sur les murs de la capitale, arborant un look moderne avec un foulard vert autour du cou, c’est le symbole du droit à l’avortement ici en Amérique Latine. On a même pu lire des inscriptions comme : "- de Pablo Neruda, + de Gabriela Mistral". Une manière aussi de revendiquer l’héritage littéraire des écrivaines chiliennes, beaucoup moins répandu que celui des écrivains masculins.

Bibliographie

Les Éditions Unes notamment ont fait paraitre deux recueils de poèmes : Pressoir et Essart. Et les éditions Caractères ont publié une anthologie de poésie et prose De désolation en tendresse.



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samedi 6 janvier 2024

ANNIVERSAIRE DU DÉCÈS DE TINA MODOTTI

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TINA MODOTTI
À SAN FRANCISCO
, USA, 1920 CA.  
82ème ANNIVERSAIRE DU DÉCÈS
DE TINA MODOTTI
1942 -6 JANVIER- 2024
TINA MODOTTI CIRCA 1923
PHOTO EDWARD WESTON


ASSUNTA ADELAIDE LUIGIA MODOTTI MONDINI DITE « TINA MODOTTI », NÉE LE 17 AOÛT 1896 À UDINE, RÉGION DU FRIOUL-VÉNÉTIE JULIENNE, EN ITALIE, ET MORTE LE 6 JANVIER 1942 À MEXICO, FUT UNE ACTRICE, PHOTOGRAPHE ET UNE MILITANTE RÉVOLUTIONNAIRE.




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jeudi 28 décembre 2023

L’HONNEUR DES POÈTES

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YANNIS RITSOS CHEZ YPSILON EDITEUR

Littérature / L’honneur des poètes / Il arrive que des œuvres traversent le temps. « Romiosini », écrit il y a près de soixante ans par Yannis Ritsos, résonne toujours : chant de lutte et de méditation sur la Grèce, que Mikis Theodorakis mettra en musique, le poème porte l’histoire d’un peuple plus intimement défini par ses combats que par le Parthénon.

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ΓΙΑΝΝΗΣ ΡΙΤΣΟΣ - ΡΩΜΙΟΣΥΝΗ Ι - ΙΙΙ
YIANNIS RITSOS - ROMIOSYNI I - III

par Ulysse Baratin

Yannis Ritsos meurt en 1990. Lors de ses funérailles à Monemvassia, sa ville natale du Péloponnèse, camarades du Parti communiste de Grèce (KKE) et intellectuels athéniens s’écartent devant les paysans qui portent en terre celui qu’ils considèrent comme l’un des leurs. Drapeaux rouges, mer Égée, rite orthodoxe — et le peuple : un dernier adieu à l’unisson de sa vie, celle d’un homme né quatre-vingt-un ans plus tôt, un 1er mai, dans une famille d’aristocrates ruinés.

► À lire aussi :       LA JUSTICE CHILIENNE REFUSE DE ROUVRIR LA CAUSE DE LA MORT DE PABLO NERUDA

COUVERTURE DE
 « GRÉCITÉ  »
DE YANNIS RITSOS
 

Jeune homme, il gagne Athènes, où il vit d’expédients tout en luttant contre la tuberculose. Il devient une figure remarquée de la fameuse génération des années 1930 — celle de Georges Seferis et d’Odysseas Elytis, futurs Prix Nobel —, qui introduit le modernisme littéraire en Grèce. À la différence de ces derniers, Ritsos s’inscrit au jeune KKE, dans un pays toujours marqué par la « grande catastrophe » de 1922 — qui vit les chrétiens hellénophones expulsés d’Asie mineure lors de la deuxième guerre gréco-turque — et par la répression des grèves sous la dictature de Ioannis Metaxas, à partir de 1936. Dès lors, le poète vouera son existence autant à rechercher des formes d’expression inédites qu’à faire advenir la justice sociale. Ritsos, que Louis Aragon célébra, connut tous les honneurs littéraires et tous les camps de concentration de son pays. Partageant les souffrances d’un peuple opprimé, il sut les chanter par des moyens neufs, continuant à expérimenter alors même qu’il se faisait le héraut de ses combats. Pour comprendre comment cet écrivain si exigeant a pu susciter la ferveur de tout un pays, il faut lire Romiosini — Grécité —, chant de lutte autant que méditation sur la Grèce (1).

COUVERTURE DE  
«L'ÉTÉ GREC UNE GRÈCE
QUOTIDIENNE DE 4000 ANS»
DE 
LACARRIÈRE JACQUES

Écrite entre 1945 et 1947, l’œuvre conserve une place particulière dans l’histoire littéraire et politique grecque. Retour sur la résistance au fascisme, ce poème aux symboles aussi clairs que furtifs compose l’histoire d’un peuple en lutte constante pour la liberté à travers les siècles. En 1946, la guerre civile éclate entre communistes et monarchistes soutenus par le Royaume-Uni, empêchant la publication du texte. Ritsos est déporté, de 1949 à 1951, dans des camps insulaires où l’État royaliste torture et « rééduque » les communistes vaincus. Grécité paraît finalement dans un recueil en 1954, période de détente politique. Son succès, ainsi que l’instauration de la dictature des colonels en 1967, conduisent l’écrivain Jacques Lacarrière à traduire ce chant majeur dès 1968, en une version française qui en a saisi l’âpreté et la respiration épique (2).

En trente-cinq pages, Ritsos cherche à dire la Grèce dans une langue nue et, au premier abord, comme négative : « Ce pays est aussi dur que le silence, / Il serre contre son sein ses dalles embrasées, / Il serre dans la lumière ses vignes et olives orphelines, / Il serre les dents. Il n’y a pas d’eau. Seulement de la lumière. » Passé et présent se nouent, des références aux civilisations antique, byzantine et moderne entrent en résonance. Des Turcs aux Allemands, la terre n’en finit pas d’être occupée. C’est elle, avec la mémoire des morts, qui lie les êtres. Et non le sang. Aucune indication ne situe l’époque, les humains ne se distinguent pas de leur environnement : « Et voici ceux qui montent et descendent les marches de Nauplie / Et qui ont pour tabac les feuilles épaisses de la nuit, / Pour moustaches des buissons de thym saupoudrés d’astres / Et en place de dents, les souches, les rochers et le sel de l’Égée. » Il n’est pas question des « Grecs » mais d’un « ils » indistinct et répété formant un collectif anonyme et composite. On y trouve, jamais tout à fait anéantis, les spectres de la guerre d’indépendance de 1821. Car Grécité fait écho aux chants klephtiques des libres bandits montagnards qui combattaient les Ottomans : « Sur les créneaux les capétans morts debout gardent le fort. / Sous leurs habits, la chair se décompose. / Frère, n’es-tu pas harassé ? » Ailleurs, le chant intègre l’épopée de Digenis Akritas, mythique gardien de la frontière byzantine, neuf siècles plus tôt : « Sur les aires de marbre, ils ont rencontré Digenis, / Ils ont dressé la table pour dîner / Et ils ont partagé leur désespoir en deux / Comme on partage, sur ses genoux, la miche d’orge. » À bas bruit, sa rumeur emporte avec elle jusqu’aux évocations fugaces de Prométhée et d’Ulysse. Le poème se clôt sur les villages brûlés des années 1940 et les sacrifices de la résistance. Le jeu d’échos finit par mêler morts et vivants en un même peuple qui se soulève contre l’occupant par-delà les tombeaux : « Sous la terre, entre leurs bras croisés / Ils tiennent la corde de la cloche, / Et ils attendent sans dormir / De sonner la résurrection. / Ce sol, il est à eux, il est à nous / Nul ne peut nous le prendre. »

De façon inattendue pour l’époque, Ritsos nomme romiosini ces rapprochements successifs et ce réseau de signes. Le choix du terme est crucial. Romiosini n’est pas l’hellénisme qui, depuis la création de l’État grec en 1831, représente un levier idéologique pour obtenir le soutien du Royaume-Uni, de la France et de la Russie. En grande partie sous la pression de ces puissances, le nouveau pays se construit dans l’esprit d’un retour à l’Antiquité classique et d’une filiation avec Périclès et Aristote. Il reviendrait aux Grecs modernes de faire revivre marbre immaculé, philosophie, opposition à l’Orient. Deux siècles plus tard, l’État a pour nom République hellénique ; celle-ci a pour citoyens les Hellènes. Par opposition, le terme romiosini fait référence aux romioi, les sujets de l’Empire byzantin. À sa chute, en 1453, les Ottomans employaient le terme rum pour désigner les populations hellénophones et plus largement chrétiennes. De ce fait, le romios désigne alors le Grec chrétien, par opposition à l’Hellène païen. Mais le romios est aussi le Grec vivant sous le joug et qui va combattre pour sa liberté lors de la révolution de 1821.

Après la « grande catastrophe », puis le déchaînement de violence sous l’occupation allemande, les Grecs traversent une crise identitaire. En 1945, Ritsos s’empare du terme romiosini, peu usité, pour opposer un autre récit au discours d’État sur le miracle en Attique au Ve siècle suivi d’une longue éclipse puis d’une résurrection, au   XIXème, avec la guerre d’indépendance. L’ensemble de la population de l’époque adhère à ce récit, du roi — la monarchie prend fin avec l’instauration de la dictature en 1967 — aux camarades communistes de l’auteur. La romiosini de Ritsos relève donc de la contre-attaque. Le poète rend vie au mot pour reformuler la conception que la Grèce peut avoir d’elle-même, en réalité caractérisée par trois millénaires d’insoumission populaire qui vibrent dans la chair du peuple et dans la terre. Comme si les peuples héroïques des siècles passés se survivaient dans celui, paysan et ouvrier, contemporain du poète. Il ne s’agit plus de tenter de revenir à un âge d’or incarné par les Athéniens d’autrefois, vainqueurs à Salamine et à Marathon, mais de s’inscrire dans une continuité dont les différentes phases se valent. En chargeant le mot d’une connotation populaire et combattante — qu’attestent les définitions des deux grands dictionnaires de grec moderne, le Triantafyllidis et le Babiniotis, qui font référence au poème —, l’auteur se place à l’opposé de la logique réactionnaire de l’hellénisme d’État.

Encore fallait-il que le texte pénètre la conscience collective. Depuis 1960, le compositeur Mikis Theodorakis — communiste lui aussi, combattant pendant la guerre civile, ancien déporté comme Ritsos — faisait se rencontrer dans ses compositions tonalités byzantines et instruments traditionnels, chanson populaire et poésie contemporaine. Les Grecs n’avaient jamais rien entendu de semblable. L’historien Dimitris Papanikolaou y voit l’invention d’un nouveau canon culturel : un « modernisme populaire (3)  ». En 1966, Theodorakis met en musique Romiosini et choisit pour l’interpréter Grigoris Bithikotsis, célébrissime chanteur de l’époque. Lors du premier concert de Grécité, les salles de concert s’avèrent trop petites, il faut jouer dans un stade. La droite au pouvoir tente d’intimider, en vain, un public où les vétérans de la résistance croisent la jeunesse d’une gauche en plein essor. L’enthousiasme est colossal.

COUVERTURE DE  «DIX-HUIT PETITES
CHANSONS DE LA PATRIE AMÈRE»
DE 
YANNIS RITSOS 

Un an plus tard, en avril 1967, après le coup d’État, les œuvres de Theodorakis sont interdites. Ritsos est envoyé en camp, puis en liberté surveillée. Les années passent, jusqu’à l’occupation de l’École polytechnique en 1973 par les étudiants. Depuis les haut-parleurs, ils diffusent, inlassablement, Grécité. Entre-temps, Ritsos a écrit les Dix-Huit Petites Chansons de la patrie amère, qui en sont comme la suite, vingt-six ans plus tard. Le thème de la romiosini est de nouveau présent : « Ne pleure pas sur la Grèce, quand elle est près de fléchir / Avec le couteau sur l’os, avec la laisse sur la nuque, / La voici qui déferle à nouveau, s’affermit et se déchaîne / Pour terrasser la bête avec la lance du soleil (4).  » À la chute de la dictature, en 1974, ces vers furent chantés par Theodorakis et repris par la foule athénienne lors d’un concert mythique. Poésie et chanson s’opposent ensemble à l’ordre dominant dans le champ symbolique, comme les artistes l’avaient fait dans l’action politique, pour la liberté.

Aux dernières élections nationales de mai-juin 2023, trois partis d’extrême droite ont recueilli 12 % des suffrages, parmi lesquels les Spartiates et Solution grecque, qui s’inscrivent dans la tradition helléniste. L’opposition entre grécité et hellénisme ne relève pas que de l’histoire.


Ulysse Baratin

Directeur de la Scène de recherche de l’École normale supérieure de Paris-Saclay.

Notes :

(1)  Yannis Ritsos, Grécité, traduit du grec par Jacques Lacarrière, Fata Morgana, Saint-Clément-de-Rivière, 2023 (rééd.).

(2)  Jacques Lacarrière est notamment l’auteur de L’Été grec. Une Grèce quotidienne de 4000 ans, Plon, coll. « Terre humaine », Paris, 1976.

(3)  « Pour une histoire de la littérature grecque du XXe siècle. Propositions de reconstruction, thèmes et courants » (en grec), actes d’un colloque à la mémoire d’Alexander Argyrios, Presses universitaires de Crète - Musée Bénaki, Héraklion, 2012.

(4)  Dix-Huit Petites Chansons de la patrie amère, traduit du grec par Anne Personnaz, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2012.



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