mercredi 15 février 2023

PABLO NERUDA ASSASSINÉ PAR LES SBIRES DE PINOCHET : CINQUANTE ANS APRÈS, LA VÉRITÉ ÉCLATE

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PARIS, LE 21 OCTOBRE 1971. AMBASSADEUR DU CHILI EN FRANCE,
L’ÉCRIVAIN PABLO NERUDA VIENT DE SE VOIR DÉCERNER
LE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE.
PHOTO LAURENT REBOURS /AP/SIPA

LOGO TÉLÉRAMA
Derrière la mort de l’écrivain chilien en 1973, ses proches ont toujours vu la main de la dictature militaire. Menée par des scientifiques de l’université de Copenhague, une étude accréditerait la thèse d’un empoisonnement.

par Gilles Heuré, Télérama

LEEMAGE via AFP
 COLORISÉE ARAUCARIA

La dictature de la junte militaire d’Augusto Pinochet, qui accéda au pouvoir au Chili le 11 septembre 1973, après un coup d’État qui renversa le gouvernement socialiste de Salvador Allende, ne tuait pas seulement en torturant à mort les opposants ou en les fusillant. Elle pouvait aussi les empoisonner. L’une des nombreuses victimes du régime, tuées ou disparues – on les estime aujourd’hui à trois ou quatre mille, auxquelles s’ajoutent plus de trente-huit mille hommes, femmes et enfants torturés – n’est autre que Pablo Neruda, né en 1904, poète, sénateur, ambassadeur du Chili à Paris et Prix Nobel de littérature en 1971. Lundi 13 février, sa famille a révélé quelques éléments d’une étude menée par des scientifiques canadiens de l’université McMaster et des chercheurs danois du département de médecine légale de l’université de Copenhague, dont les résultats doivent être rendus publics ce mercredi 15 février. Ils révéleraient la présence de traces de la bactérie Clostridium botulinum dans le squelette de Neruda.

Une enquête ouverte en 2011

PABLO NERUDA À ISLA NEGRA,
AU CHILI 1972

PHOTO BRIDGEMAN

La thèse de l’empoisonnement du poète, soutenue par son épouse et son chauffeur et garde du corps, dès le moment de son décès le 23 septembre 1973, soit douze jours après le coup d’État, serait donc confirmée par cette étude, invalidant le certificat de décès officiel qui faisait état d’un cancer. Ouverte en 2011, la longue enquête sur les circonstances de la mort de Pablo Neruda, après de multiples péripéties judiciaires, a véritablement commencé en 2013 avec l’exhumation du corps de l’écrivain, puis prolongée l’année suivante par des analyses effectuées par des scientifiques espagnols, révélant la présence dans la dépouille de bactéries utilisées par la police politique de Pinochet pour tuer les opposants. Une nouvelle série d’analyses fut effectuée en 2017, excluant définitivement le cancer comme cause du décès.

«NERUDA EST MORT
EMPOISONNÉ»
UNE DE «CLARÍN»

14 FÉVRIER DE 2023

Ce 15 février, un demi-siècle après sa mort, il ne fera donc probablement plus de doute que la dictature a assassiné le poète chilien, symbole politique et culturel qu’elle entendait éradiquer – comme elle fit aussi, notamment, en tranchant à la hache les doigts du chanteur et homme de théâtre Victor Jara, torturé et assassiné dans le stade de Santiago qui porte aujourd’hui son nom.

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chili

par Gilles Heuré

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